mercredi 22 juillet 2009

Préface de mon livre sur Daft Punk paru chez Scali en juin 2008

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Eté 1997. Marseille. Les vacances. Je ne sors pas de chez moi, je hais la plage. Et la chaleur. Et ma ville. Cheveux noirs corbeaux, fringues impossibles, dépression chronique. J’ai 17 ans, quoi. Souvent, trop souvent, je me demande : mais qu’est-ce que je fous là ? Heureusement, il y a la musique. Et mon walkman, que je ne quitte jamais. Je suis alors en pleine période indie-rock. Cat Power, les Tindersticks, Nick Cave, PJ Harvey, Joy Division, de joyeux compagnons d’infortune. A part New Order, Björk, Massive Attack, Tricky et Portishead que je vénère et qui trempent un peu dans l’électro, la techno ne m’évoque alors rien de bien folichon. Et il ne faut pas me parler des clubs ! Ces lieux de débauche où la seule attraction se résume à la décoration : des baobabs en plastoc et une pauv’ boule à facette minuscule.

En fait, avant 97, la dance musique, ça me rappelait surtout des souvenirs que je tentais désespérément d’oublier. Ces boums de collège dans lesquelles j’allais tranquillement m’asseoir dans un coin, entre le punk à chien et la petite grosse à lunettes, incognito. J’attendais alors que ça se passe ou que quelque chose se passe, avec la forte impression de faire potiche à côté des minettes - à Marseille on les appelle les cagoles- se déhanchant dans leurs jeans délavés moulants et les couples à peine formés causant d’amour pour la vie et la mort en échangeant leur salive. Toutes ces fêtes adolescentes ressemblaient trop à la parade de chez Disneyland pour être tolérables. Pour moi, les musiques électroniques restaient à jamais associées à l’ambiance grenadine, cheap-house et Bontempi de ces calvaires sociaux, quand ce n’était pas des images de ces tarés de mon lycée qui écoutaient les compils de dance de M6 et celles des soirées trance-hardcore Thunderdome qui me revenaient à l’esprit. Pour résumer, c’est un euphémisme de dire que je ne suis pas née fluo-kid.

Depuis les boums donc, aller dans une fête ou écouter de la dance correspondait pour moi à une forme de suicide moral. Une telle dictature de la béatitude et de bonheur de façade, me rendait physiquement malade : teint pale, yeux vitreux. Et puis il y a eu cette nuit là, sans sommeil, où j’ai vu des robots bizarroïdes et des danseuses disco danser sur une plateforme sur fond de lumières de juke-box et de sons stroboscopiques. On venait d’harceler ma mère, avec ma sœur, pour avoir MTV. Rien que pour ce que j’allais y découvrir, ça valait la peine d’avoir cherché des jours entiers des arguments en béton armé. Vous vous souvenez de la première fois où vous avez écouté le « Smells like teen spirit » de Nirvana ? Le « Crazy in love » de Beyoncé ? Le « Billie Jean » de Michael Jackson ? Si oui, vous savez de quoi je parle. Cette incapacité à rester immobile, à raisonner ou à rester un minimum connecté au monde réel pour se retrouver totalement transporté par le beat. « Around The World » passait sur MTV. Et l’état comateux de demi-sommeil aidant, le pouvoir du corps sur l’esprit qui m’avait tant passionné chez les philosophes de tout bord que je lisais assidûment, se trouvait ici incarné en son et image. Une inflammation des sens, un endormissement immédiat de la conscience, une excitation irrémédiable des nerfs, trois minutes d’extase pure.

Je découvrais enfin sous les effets de ce tube et sans substance psychotrope, les joies du clubbing, du vrai, chez moi, devant ma télé. Mes pieds se mirent à trouver une vie propre, et tous mes beaux principes anti-house à vaciller considérablement lorsque je me mis à répéter bêtement « around the world, around the wooorld, na na na na na na ». Je ne savais pas encore tout ce qui s’ensuivrait. Mais (en vrac), après « Around The World », il y eut : la découverte de l’avantage de pouvoir parler aux garçons tout près de leurs visages à cause des musiques trop fortes, l’oubli de soi total, des séances d’hypnoses collectives et des émotions ultra sensorielles persos, des litres de BPM, une carrière de « dance-rock » critique débutée dans le fanzinat, mon amitié avec la Trax Team (devenu le Tsugi Crew), des « raves » éveillés, des nuits entières à effectuer d’improbables « moonwalks » sous les boules facettes de divers clubs de France et de Navarre, bref la Nuit en technicolor, le Monde qui s’ouvrait à moi…parfois aussi trippant que celui aperçu une nuit de 97 à travers les petits bleeps et les petites lumières du clip d’ « Around The World ».

mardi 21 juillet 2009

L.A confidentiel - Papier paru dans leTsugi n°19 (mai 2009)


L.A confidentiel
Texte de Violaine Schütz

A l'heure où le label Stones Throw est sur toutes les lèvres, et Jeremy Jay fait danser les jeunes filles en fleur, petite visite de la face musicale obscure de L.A. Aux côtés des surfeurs et des people, la cité des anges abrite aussi les nouveaux dieux du drone psychédélique et du rock diy.

Quand on pense à L.A, on pense filles dénudées, soleil et pop songs qui vont avec. Mais ce sont des songwriters blèmes et tout sauf show-off qui y font les vagues les plus renversantes du moment. Moins médiatisés que MGMT, ce sont pourtant eux les vrais nouveaux hippies, mixant une attitude low-profile à des expérimentations musicales s'abreuvant de tous les genres (on pense au tropicalisme anthropophage des années 70), et un son sous-produit, enregistré sur cassettes, ou répondeurs. La visite d'Ariel Pink au festival Villette Sonique en ce mois de mai est d'ailleurs attendue par certains fidèles comme le messie. Présentation de trois de ces illuminés, avec l'avis d'un fan/et spécialiste de cette nouvelle scène arty de L.A, Detect, membre du Klub des Loosers et DJ qui avec son projet psyché Tiebreak se rapproche de l'esprit borderline de ces cousins californiens.

Ariel Pink
A 31 ans, Ariel Pink demeure une sorte d'artiste maudit. Il a plus de tubes pop-punk bricolés et barrés que n'importe quel groupe californien mais son nom n'évoque rien d'autre qu'une marque de lessive à la plèbe. Voilà plus de 10 ans pourtant qu'il fabrique des chansons lo-fi mirobolantes sur son huit-pistes. Dans son taudis de L.A, il collectionne les charniers de démos (une centaine de cassettes underground qu'il vend à des concerts), et les refus de maisons de disques. Jusqu'à ce jour béni de 2003, où lors d'un concert d' Animal Collective, il donne une K7 de ses démos à ses héros. Le coup de foudre est immédiat si bien que le groupe décide de sortir la compile sous-mixée, sans rien en changer, sur son label Paw Tracks. Le résultat, The Doldrums contient en fait un album enregistré au Canada entre 1999 et 2000 sur cassette Yamaha MT8 et une compile de maquettes faites à L.A de 2001 et 2003. D'où cette impression d'écouteur une musique pure, spontanée, débarrassée de toute fioriture et marqueur temporel. En quelque sorte, la musique d'Ariel Pink replonge l'auditeur à l'état de nature. « C’est un peu le R.Stevie Moore actuel (le roi du rock underdroung fait maison depuis 1973, ndr), raconte Detect. Ariel Pink a du faire 30 albums en 10 ans en créant ses musiques en mixant des cassettes audio entre elles. C’est à la fois génial, inutile, complètement bancal et magique. » Cette production approximative, à la limite de l'audible, son chant déchirant, proche du cri primal, atteint en effet l'échine et provoque des émotions brutes encore rarement ressenties. Un antidote aux prods léchées et hygiénistes de la pop californienne mainstream.
www.myspace.com/arielpink

Geneva Jacuzzi
Petite amie d'Ariel Pink, Geneva Garvin (alias Geneva Jacuzzi) est aussi sa plus sérieuse rivale. A la fois compositrice et artiste visuelle, elle possède le don d'ensorceler immédiatement l'auditeur par sa voix de harpie démoniaque terriblement érotique (la dimension orgiaque de ses cris orgasmiques) et des beats électro-goth-funk-balératiques complètement anachroniques. Ajouter à cela une pointe de mysticisme (dans les paroles) et milles et unes bizarreries sonores et vous obtiendrez des symphonies harmoniquement complexes et ambiguës (à la fois dark et tropicales). Les chansons de Geneva n'en sont pas moins aussi lo-fi que celles de son copain, puisqu'elles sont également enregistrées sur un modeste 8-pistes. Mais pour comprendre le grand pouvoir de séduction de cette gorgonne sculpturale, il faut voir le clip hypnotique de « Love Caboose » où elle apparaît en vestale darkwave sur youtube ou ses photos myspace. Entre collages diy (elle fait aussi les pochettes d'Ariel Pink’s Haunted Graffiti) et imagerie goth (photos d'elle avec du sang sur la bouche ou maquillée comme une chauve souris), Geneva Jacuzzi provoque de nombreux remous dans l'océan souvent peu sensuel des nerds de la blogosphère!
www.myspace.com/zombieshark

Sun Araw
Le moustachu Cameron Stallones alias Sun Araw, c'est Detect qui en parle le mieux! "Il s'agit du guitariste du groupe de Los Angeles Magic Lantern (www.myspace.com/magiclanternmako), qui font un rock noise, progressif. Leur chanson "At the mountains of Madness” était particulièrement brillante. En solo Sun Araw crée une musique "ambiante" qui s’inspire aussi bien du drone metal, que de Popol Vuh (groupe allemand qui a signé les musiques des films Aguirre, la colère de Dieu et Nosferatu, ndr) que de trucs plus psychedeliques. Sa musique pourrait bien coller à un film de Werner Herzog ou de Barbet Schroeder d'ailleurs. Son LP Beach Head est mortel." Sorti en 2008, Beach Head est en effet un des plus beaux disques entendus cette année là. Son écoute plonge l'auditeur dans un état de transe éthérée durant quatre longues plages de drone maya et mystique teintée de baléarisme. Un peu comme si les Beach Boys rencontraient Can et White Noise sur une plage déserte bordée d'une forêt tropicale hantée qu'on ne voudrait jamais quitter.
www.notnotfun.com/sunaraw/main.html

Pocahaunted
Écouter Pocahaunted (sur K7 ou 45t, leur format de prédilection), c'est accepter de lâcher totalement prise sur le réel et se laisser aller à une séance d'hypnose dont on ne revient pas indemne. C'est pourtant deux jeunes filles à frange aux airs faussement sages de hippies glam qui provoquent cet engourdissement de la conscience, ce déroutement presque inquiétant, dans le monde beau et mélancolique du drone psychélique. Il faut alors, dès les premiers accords, se laisser prendre par « Water Born », longue plage envoutante de 21 minutes pendant laquelle les guitares shoegaze et les incantations célestes s'unissent à des expérimentations que ne renieraient pas les SonicYouth du début ou un Merzbow apaisé. C'est splendide, intense, étourdissant, au delà de l'imaginable. Detect est d'ailleurs formel à leur propos : « C'est mon groupe préféré issu de l’excellent label NotNotFun basé L.A. Leurs morceaux complètement hypnotiques de 20 minutes avec des voix noyées dans des reverbs et des guitares saturées forment une musique nocturne hyper intense. » Le dj français a pour habitude de les écouter la nuit, en lisant Antonin Artaud. On finira simplement par vous dire que leur musique peut hanter toute une vie.
www.myspace.com/pocahaunted

dimanche 19 juillet 2009

Interview de Tiga parue dans le magazine du Social Club en 2008

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Tiga

A 34 ans seulement, le Canadien Tiga a déjà eu mille et une mille vies. Dj sex symbole, auteur du tube dancefloor inusable « You gonna want me », patron de label, tenancier de boite de nuit, producteur, remixeur, animateur de podcast (sur son site web), styliste, mais aussi-et surtout- grand fan de musique. Il nous dit tout dans une interview « bilan » multi-facettes mais sans « fard ».

Propos recueillis par Violaine Schütz

Peux-tu nous dire ce que tu fais de beau en ce moment?

Je travaille tout le temps. Je suis en tournée jusqu’à mai, tout en produisant mon second album. Il sera plus court que Sexor, mon premier disque, avec de la meilleure musique mais un nom encore pire.

Si tu étais journaliste, comment décrirais-tu Sexor à ceux qui ne l’ont pas écouté ?

5 étoiles, seul un fou résisterait à ces grooves qui changeront ta vie, j’aurais aimé acheter plus d’une copie mais la sécu du magasin de disque contrôlait la foule surexcité de gens bien lookés qui criaient « TIGA TIGA ». Mais je ne suis pas journaliste!

Tu es le patron du label de musiques électroniques Turbo, qui fête ses dix ans cette année, quelle est ta plus belle réussite en tant que « boss » ?

Je suis fier de notre survie dans une industrie qui a été complètement détruite et reconstruite. On a réussi à se maintenir d’ancien modèles à de tout nouveaux. Quand on a commencé, si tu voulais une chanson, il fallait l’acheter. C’était très simple. Les labels et les artistes avaient le contrôle, ou du moins un contrôle relatif sur comment la musique se propageait. Tout ça est mort aujourd’hui, il faut tout repenser.

Comment choisis tu les artistes que tu signes sur Turbo ?

Ce sont mes amis, ou ils ont fait un disque fantastique, ou je VEUX être leur ami, ou bien je sens qu’il y a une raison stratégique à essayer d’être leur ami.

Quels groupes nous recommandes-tu ?

J’aime beaucoup MGMT, j’adore aussi le dernier cd mixé de Perks N Mini (PAM), et j’écoute toujours beaucoup d’acid comme Air Liquide. Je pense que Proxy est quelqu’un de très spécial et que LCD Soundsystem sont géniaux, mais c’est pas nouveau. Et je suis sûr qu’il y a un million d’artistes super que j’ai zappé avant même d’écouter.

Comment c’était de grandir à Montréal en tant que fan de dance musique ?

Ce n’était pas facile, mais cette difficulté m’a rendu ambitieux et je suis reconnaissant pour ça. Nous n’avions pas beaucoup de magasins, une radio merdique, zéro magazine, et bien sûr pas d’internet, donc tu devais partir à la chasse pour des bribes de culture. Mais j’ai l’impression que c’est cette chasse qui permet d’acquérir des compétences.

Comment as-tu appris à mixer ?

Lentement. Pendant les premières années, ça me rendait très nerveux. Je ne m’y suis fait que graduellement, en jouant quatre fois par semaine. Les premières mixtapes sont très « intéressantes ».

Tu avais un magasin de disques à Montréal, DNA Records, que vendais-tu ?

Au départ, on gagnait de l’argent en vendant uniquement de la musique électronique : des cd’s, des compilations, les premiers disques du label MoWax, du trip hop, de la goa trance, de la techno, de la drum’n’bass, bref tout. Puis on s’est petit à petit spécialisés dans ce que je jouais lors de mes sets.

Peux-tu nous parler du club que tu as ouvert à Montréal, le Sona ?

Je l’ai ouvert et tenu de 1996 à 2000. Il y avait un programme destiné à apprendre à des sans-abris à danser.

Quelles sont tes influences majeures ?

Je suis très influence par la musique avec laquelle j’ai grandi. Depeche Mode, Nine Inch nails, KLF, la techno des 90's et la musique de rave. David Bowie et Prince ont aussi joué un rôle important ainsi que mes amis : Jesper, Jori, Dave N Steph, des écrivains, des comédiens, et d’autres.

As-tu déjà pris des cours de musique ou de chant?

J’ai joué de la clarinette à l’école, du piano deux fois (deux heures en tout), de la guitare trois (3 heures au total). Mon seul background musical c’est d’avoir aimé et collectionné la musique ; Je ne pourrais jamais jouer d’un instrument.

Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

Mon père m’a dit de trouvé quelque chose que j’aime et d’essayer d’en vivre.

(Le père de Tiga était DJ et a eu une carrière florissante à Goa, carrière durant laquelle il a amené son fiston avec lui, ndr).

Pour toi, quel est le meilleur remix que tu ais réalisé?

Il n’y en a pas un en particulier. Mais je suis content de celui de Thomas Anderson, de

The Kills et du “Tribulations” de LCD Soundsystem.

Quelle est ta definition d’un bon mix?

Une connexion entre deux chansons qui rend l’ensemble meilleur que la somme des parties. Un bon mix, c’est la même chose qu’un bon look : mélanger deux choses différentes pour en faire ressortir quelque chose de nouveau et d’inattendu.

Tu as designé des sweats pour H&M dont une partie des fonds allait à la lutte contre le sida, peux tu nous en parler ?

C’était destiné à recueillir de l’argent pour l’association AIDS. Ils m’ont demandé et j’étais très content de le faire. Et puis j’avais besoin de nouveaux sweats.

Comment te vois-tu dans dix ans?

J’aimerais être dans une belle maison blanche sur la plage, être écrivain, avec mes chiens, mes livres, ma famille et comme seul luxe une carte NetJets (une société de jets privés, ndr) dans ma poche. Plus sérieusement, j’aimerais être toujours curieux, et en train d’apprendre.

En tant que DJ, que penses tu de la mode des selectors et des pseudo-dj’s?

Nous sommes TOUS sélectors. Je ne perds pas mon temps à nous classifier. Certains sont juste meilleurs que d’autres, mais nous jouons tous de la musique dans le même but : faire danser les gens. Je respecterai toujours les Dj’s old –school et technique comme

Jeff Mills et Laurent Garnier, parce que c’étaient mes héros quand j’ai commencé. Pour le reste, je voudrais juste dire que nous vivons une époque musicale excitante, pleine de possibles mais je suis aussi content d’avoir dans les jambes dix ans de vieux système. C’est une bonne époque pour être musicien, juste pas le meilleur moment pour être riche en étant musicien…mais peut être que les deux n’ont jamais été faits l’un pour l’autre.

Interview croisée de Metronomy et Chandra (Soirées Durrr) publiée dans le magazine du Social Club en 2008

Metronomy versus Chandra Durrr

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-0cjw1NY5TkmULphM1fslja7X81uwpPrBjcaAChe1slmeZkKrU-s3LgTMTa04atzvuTf6xN5z25aOrybeMPJvIDyWluUVEjUp4uQH3KhrZ-Q8a-e2lsS4hyphenhyphenXcyvJzNgRF93U8sMl_r4Nj/s320/Metronomy-Radio-Ladio.jpg

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Mon premier sort un album d’électro-pop tendance post-punk intitulé Night Out, qui raconte une nuit de fête du début à la fin. Mon deuxième organise l’une des meilleures soirées de Londres, la DURRR. Le toute forme l’une des « parties » phares du Social Club ce mois-ci qui fera se rencontrer le groupe anglais Metronomy et la mythique soirée de Chandra, fondatrice des Durr. Interview croisée entre ces deux spécialistes d’un clubbing rock de qualité.

Propos recueillis par Violaine Schütz

www.myspace.com/metronomy

www.myspace.com/durrrclub

Quelle est votre definition d’une soirée réussie?

Joseph Mount, leader de Metronomy : Quelque chose d’imprévu. Ne jamais prévoir de sortir, ce genre de soirées sont toujours décevantes. Je trouve que c’est beaucoup mieux de finir dans un lieu rock avec quelques bons amis et de passer toute sa nuit à requester des chansons des Smashing Pumpkins au Dj.

Chandra : Une bonne soirée pour moi, c’est de bonne danses et de bonnes discussions!

Est-ce que vous vous souvenez la première fois que vous êtes allés en club ?

M : Je suis allé dans un club de Brighton appelé le Gloucester. C’était une soirée rock, et j’avais 14 ans avec un permis de conduire d’un type de 22 ans. Je ne faisais pas du tout 22 ans et j’ai du porter un chapeau toute la nuit. C’est la première nuit où j’ai essayé le snakebite (mélange de bière et de cidre) un peu trop fort.

C : Je pense que c’était la soirée Puke au club Moles à Bath, c’était pour les teenagers et j’avais 15. Je ne m’en souviens pas très bien mais je sais que c’est à partir de là que j’ai commencé à aller à l’indie club Fusion tous les weekends. J’avais 16 et je suis toujours dans les clubs indie et dance à 31 !

Comment avez- vous découvert la musique électronique?

M : Par la collection de disques de mon père et une ex-girlfriend. J’étais assez chanceux pour sortir avec la seule fille de Devon (région anglaise dans laquelle a vécu Joseph avant de migrer à Brighton puis à Londres) à écouter LFO.

C : Un ami Dj a commencé à mixer du Daft Punk et du Kraftwerk au club indie, puis un autre pote organisait des énormes soirées dans l’Est du pays appelées les Karanga qui passaient beaucoup d’électro.

Quelle est votre chanson de club préférée?

M : « Ignition remix » par R-Kelly – Parce c’est la meilleure chanson sur le clubbing et le fait de sortir jamais écrite. « So what? I’m drunk » est mon mantra.

C : Bien sûr, ça change tout le temps, mais en ce moment j’aime danser sur le « Shadows » des Midnight Juggernauts ou le « Hoy » de Duke Dumont.

A quoi ressemble la scène musicale londonienne aujourd’hui? Qu’y-a-t-il de plus excitant à y faire ?

C : J’aime toujours voir des groupes en live et Londres accueille tout le monde en concert donc tu peux y expérimenter en live tout ce sur quoi tu es à bloc! C’est une des meilleures choses à propos de cette ville. Mais en ce moment, j’ai l’impression qu’il y a trop de festivals avec des sound-systems pourris qui affectent les shows, et que les gens ne vont voir des groupes et des Dj’s que dans ce cadre là. Pour moi, les clubs sont les meilleurs endroits pour vivre la musique.

M : La scène est beaucoup plus intéressante que l’an dernier, il y a plein de nouveaux groups qui émergent et sont très intéressants. Et les clubs londoniens jouent toujours de la bonne musique. Quand un club de Londres ne joue pas Suede ou les Smiths, alors la scène musicale est morte.

Est-ce qu’un Dj a déjà sauvé votre vie?

M : J’ai vécu à Devon, un comté du sud-ouest de l'Angleterre, encadré par les Cornouailles à l'ouest et Dorset et le Somerset à l'est plein de Dj's drum and bass. J’en ai entendu un jouer et j’ai détesté. Je ne m’y suis plus jamais attardé ensuite. Donc, oui ce type a changé ma vie.

Interview de Jackson parue dans le magazine du Social Club en 2008

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Jackson

par Violaine Schütz

En 2005, après quelques tracks très prometteurs, le parisien Jackson sortait l’iconoclaste Smash et s’imposait comme le Aphex Twin français et le renouveau de la french touch à lui tout seul. Adulé par Richie Hawtin, les 2 Many DJs ou encore Laurent Garnier, la presse hype et le label Warp qui l’a signé, il enchainait alors avec une série de live et de dj sets percutants. En 2008, le fils prodige ne s’endort pas pour autant sur ses lauriers, il travaille à Berlin, sur un nouvel album et prépare son grand retour, au Social Club le 3 septembre.

Te confond-on toujours avec Michael Jackson ?

Oui, surtout en interview.


Te souviens-tu du moment as-tu su que tu voulais faire de la musique pour de bon ?

Je pense que c'est lié aux premiers vinyles que j'ai écoutés à l'âge de 8 ans. La reprise de « Satisfaction » de Otis Redding ou « All the way down » de Etta James... Ca n'a pas grand chose à voir avec le fait de faire de la musique pour de bon, mais c’est l’un des déclics qui ont fait que j’ai su tôt vers où j’avais envie d’aller.

Comment as-tu découvert les musiques électroniques ?

« Rock it » de Herbie Hancock... On expliquait qu'il y a avait un mouvement qui s'appelait le smurf... Plus tard on écoutait « rave age » avec mes potes, l'émission présentée par Patrick Rognan sur FG... Ils annonçaient des rendez-vous et donnaient des numéros de hotline pour aller dans des soirées tech. J'aimais bien le hardcore pour le coté dramatique et l'esthétique d'une jeunesse industrielle no future qui danse hilare jusqu'au petit matin dans des lieux à priori sordides.


Quand tu réécoutes Smash, ton premier album, qu’en penses-tu ?

Certains morceaux me paraissent ratés, la gestion du temps, le mixage, ça me semble relativement foireux mais j’ai l'impression que le disque est habité. Ce qui était dans mes tripes à cette époque s'entend sur ce disque.


Quelle est la plus belle chose qu'on t’ait dite à propos de cet album ?

Je ne sais pas si on me l'a dit ou si j'ai fini par m'en convaincre mais qu'on aimait faire l'amour sur cet album.


Pourquoi prendre trois ans avant de travailler sur un autre disque ?

Parce que chaque étape de l'organisation d'une vie me prend cinq fois plus de temps que la plupart des gens. Alors je m'accorde le temps d'y réfléchir et d'élaborer des stratégies pour devenir un assisté « control freak ». Aucune des sociétés avec lesquelles je traite pour commercialiser mes enregistrements ne m'a proposé de bénéficier de leurs infrastructures. Ils me filent du pognon alors je le dépense mal et je m’installe à Berlin il y a de cela trois ans.


Ton prochain album sera-t-il aussi « révolté », irrévérencieux (l’un des morceaux du précédent se nommait tout de même « Radio Caca »)?

S’il pouvait être tout simplement jouissif,ça m'arrangerait.



Tu y travailles tout seul ?

Non, j'invite quelques personnes à me rendre visite dans un espace de travail totalement secret conçu avec deux amis. Ca ressemble à un tank mais il y a un canapé bleu sur lequel je m'endors et fait des auréoles de bave.


As-tu changé ta manière de travailler ?

J'ai essayé de quitter le monde des ordinateurs que je hais par dessus tout mais j'ai fini par me rendre à l'évidence que j'en étais dépendant, donc hormis le fait que j'utilise une palette graphique à la place d'une souris, je passe mon temps à regarder un écran.


Comment s'organise une journée type de Jackson ?

Je fais des listes le matin. Je pense en dormant sur le canapé. Je fais du vélo. Je mange une saucisse et je me fais des rasades de Weinbrand (du Cognac, ndlr).

Et une nuit type ?

Je dors avec un slip en laine tricoté par une religieuse de 25 ans.

Porteras-tu toujours le nom de « Jackson and his computer band » ou un autre personnage est en gestation?

Peut-être Jackson & his wool underwear.


Après avoir été encensé, et décrit comme le « great hope of dance music » par le très respectable magazine The Wire, la pression n'est-elle pas trop forte ?

La pression est nécessaire mais je pense qu'elle vient de la vie, pas des magazines. Sans pression, je ne ferais pas de disques, je chanterais des reprises de Led Zep dans la fôret .


Tu as remixé Justice, en réalisant un « megamix » de leur album, que penses-tu de leur succès et de leur dernier clip ?

J'adore le clip. Je reste convaincu que les chocs émotionnels font avancer les esprits. Personnellement je le trouve surtout drôle puisqu'exagéré et faussement vrai, surtout quand ils cassent les congas au Trocadero. Sinon j'aime leur disque, leur concept et leurs blousons en cuir.


Tu as également remixé Femi Kuti, Air, Vanessa Paradis. De quel remix es tu le plus fier ?

Celui pour Enrico Macias

C'est quoi la chose la plus embarrassante qui t'es arrivée pendant un set ?

La première fois que j'y ai joué pour une soirée de Luciano, les mecs du club m'ont virés au bout de 30 minutes... Je mettais de la musique de jeux vidéos et du rock... Je savais pas que ce club était un temple de musique qui se répète pendant 3 jours.


En 2006, tu vendais l’un de tes morceaux à une grosse compagnie de téléphone et demandais sur ton blog myspace aux fans ce qu’ils en pensaient. Quelles sont aujourd'hui tes limites en matière d'éthique ? Qu’accepterais-tu, et que tu refuserais-tu ? Tu jouerais à la Unighted des Guetta par exemple ?

Je pense que c'est plus intéressant de vivre ces propres problèmes d'éthique que de se la raconter avec des postures pseudo militante en étant anti David Guetta par exemple. D’ailleurs oui, j'irai jouer à sa soirée avec plaisir. On parle bien de musique là. Après le jour où un parti politique te demande de leur faire un morceau c'est une autre histoire. Et le jour où on vivra sous un régime totalitaire, il faudra réfléchir à des actions plus fortes que de refuser son morceau sur une pub. J’ai posté cette question sur mon blog pour mesurer la réaction des gens, jusqu'où effectivement ils refusaient le monde de la pub... Et oui ca m’a déçu que quasi tout le monde s'en foute.


Qu'écoutes-tu en ce moment ?

Une compilation de Nat King Cole, “Magic Fly” de Space, “I need a freak” d’Egyptian Lover.

A quoi aspires-tu aujourd'hui ? A quel projet musical rêves-tu ?

J'aimerai être celui qui a inventé le smiley. Je rêve de mon projet musical toutes les nuits.


www.myspace.com/jacksonand

Edges compilation - Bio écrite pour Because en 2009

Edges

La bande-son d'une nouvelle génération électronique française


1997, Daft Punk sort son premier album, Homework, et révolutionne l'électronique mondiale. Un ordre nouveau s'établit par ce disque fondateur. Avant l'arrivée de la techno tonitruante de ce duo français, aucun artiste français pays n'avait eu de succès critique à l'Etranger. Avec Cassius, Air, Mr Oizo, une nouvelle génération électronique aux idées larges (ne renonçant jamais à une pointe de funk, de pop ou de disco), les hymnes dancefloor des petits frenchy s'arrachent autour du monde en alliant puissance dancefloor et exigence de qualité. Avec la French Touch, c'est toute une famille d'enfants du rock et d'ailleurs qui découvrent les joies d'une musique qui se danse, sans barrières ni oeillères.


Dix ans après, c'est deux Parisiens qui refont le coup de la dance pour tous. 2007, Justice sort Cross, disque crossover et fédérateur qui réunit sur la piste de danse clubbeurs fans d'électro et jeunes rockers en jean slim. Une musique hybride symbolisant une génération, appelée à juste titre la french touch 2.0, et gravitant autour du label Ed Banger.

Mais ils ne sont pas seuls. Depuis deux ans, d'autres jeunes producteurs amateurs de brouillages de pistes sonores préparent dans l'ombre d'autres révolutions électroniques. Qui sont-ils, et à quoi ressemble la musique d'aujourd'hui ? C'est ce que le projet Dum-Edges, tente de révéler, à travers une compilation mais aussi une tournée où se retrouveront trois des artistes les plus prometteurs de cette scène. Parmi ces grands espoirs 2009, il y aura le barbu christique Breakbot, à qui l'on doit d'excellents remixes pour Metronomy et Sébastien Tellier, le duo parisien club Gentlemen Drivers qui n'a pas son pareil pour mettre le feu sur le dancefloor et le lyonnais Nil Hartman, dont l'électro atypique n'hésite pas à flirter avec l'expérimental.


Ce trio représente à merveille l'effervescence musicale d'une scène musicale ultra inventive du moment. A l'ère des blogs et de l'accès facile à l'histoire entière de la musique, ils font partie de ces producteurs français de musique électronique qui explorent encore des voies demeurées inédites et des ponts entre les genres jamais dressés. En 16 titres, tous inédits (ou rares), Dum-Edges offre un panorama, plus qualitatif et défricheur qu'exhaustif de cette scène éclectique, décomplexée et extrêmement active. Que ce soit l'électro-pop 80's et romantique du Nantais Anoraak, la house vrillée, mentale et destructurée du duo parisien Discodeine, ou l'univers cosmique et rétro-futuriste de Chateau Marmont, tous ont retenu les leçons de la première french touch : l’ouverture musicale, l'hédonisme et la volonté de ne pas répéter des recettes déjà existantes. Voilà au final l'instantané d'une « famille » de producteurs qui a décidé de ne pas choisir entre ambiance dark et hymnes fluo, puissance dancefloor et écoute maison, références underground et mainstream. Bref, voici la bande-son d'une époque, la nôtre...


Sortie cd & Digitale le 1er juin 2009

Tournée"DUM-AGES" dans 4 villes françaises

Le 4.06 à Paris

le 5.06 à Marseille

le 12.06 à Lille

le 13.06 à Lyon








Dum-Edges

track by track


Breakbot – Penelope Pitstop

Attention, sous ses airs de Jésus, ce type est un messie. Pas loin d’être le meilleur remixeur au monde du moment (Metronomy, Pnau, Sebastien Tellier), Breakbot sera l'un des grands de l'électro de 2009. On pense à la première french touch, Justice et Vladimir Cosma, sur ce track. C'est bon signe...


Donovan - Wonderland

On ne sait pas où se trouve exactement ce « wonderland », mais il fait bon s'y attarder un peu. Le duo Donovan fait des chansons pour les jeunes filles en fleur, de la dance pour garçons sensibles, un peu comme si les Daft Punk embauchaient Chromeo et un Kanye West particulièrement bien luné pour faire une petite balade au pays de la disco pop ensoleillée. Gros potentiel « roulage de pelles » sur la piste de danse.


Dilemn - Modern Slave

La jeunesse parle à la jeunesse. Messe noire et chaos ténébreux, dont le style haché rappelle un certain Oizo, ce « modern slave » de Dilemn ne laisse pas le choix à l'auditeur : devenir esclave de beat syncopé ultra groovy et vraiment très méchant.


Mondkopf - Chaos Is Mine

Un titre pour croire en Dieu, avec des chants célestes un peu gothiques et des ryhtmes sombres et détraqués qui avancent lentement vers la lumière. Le chaos n'est qu'une illusion...le salut t'attend en after sur le dancefloor moite!


Discodeine_Invert_Parceque

Ok pour le disco, mais danse sa version obscure alors, plus codéine que MDMA quoi. Et dans le genre « dark disco », ce track est une vraie drogue, ça s'insinue par tous les pores pour se loger dans le cerveau avant de redescendre dans les jambes, qui deviennent indépendantes du reste du corps. Pas étonnant, c'est les deux sorciers Benjamin Morando (ancien Octet) et Pilooski (le roi de l'edit) les fournisseurs.


Rove Dogs - Home rage slomo (innocence lost)

Rove Dogs est grand et beau, mais heureusement il n'y a pas que le physique dans la vie. Ce morceau prend l'auditeur par l'épaule et l'amène loin. Et pas besoin d'aimer la minimale pour se laisser avoir par cette ritournelle faussement « downtempo » et vraiment pop dans l'âme.


Digitick 84 - Bboy underground

Vous vous souvenez de la première fois que vous avez entendu le « Blue Monday » de New Order? Il y a quelque chose de l'ordre de la même évidence dans les synthés, vocaux et gimmicks (en plus ghettotech) de ce « Bboy Underground » qui devrait pas le rester longtemps, underground.


Djedjotronic - James

L'époque est brutale, et le clubber n'aime pas s'ennuyer. C'est le moment de la compil où on monte le son, et on mouille la chemise. Le gars est signé chez Boys Noize Records, et il n'a rien à envier à l'efficacité dancefloor indiscutable de son boss. Ah oui, Busy P l'aime beaucoup. Et Busy a souvent raison.


Chateau Marmont - Solar Apex

Moroder? Kraftwerk ? Tellier? « Solar Apex » c'est pas la vie de château, mais plutôt « life on Mars ». Un aller-simple vers une autre galaxie, pas très loin du soleil, dans un autre espace temps, dont on ne revient pas tout à fait indemne.


Anoraak - Make it Better

A Nantes, une poignée d'aventuriers réinventent la pop romantique des années 80. Anoraak, l'un des plus flamboyants représentants de cette scène «électro cosmique rétro futurtiste » très « endless summer » nous sert ici un vrai tube. Des synthés vintage aériens, une voix mélancolique, un groove quasi italo disco : « Make It Better », on peut pas faire mieux!


Gentlemen Drivers – Nationale 66

En général les deux Gentlemen Drivers (Mica et Benoît) conduisent des gros calibre qui vous transportent direct sur la route de l'enfer (le péril club) quelque part entre Detroit et Chicago. Ici ils prennent des risquent en empruntant une « Nationale 66 » plus italo disco et poppy que dirty-ghetto-tech. Et là encore, y a des chevaux sous le capot!


Stereoheroes - Lamborghini Lungs (Spoek & CV)

Marseille, cité des chaînes en or qui brillent et des tongs, ok, on sait. Mais depuis les Stereoheroes, c'est complètement le Bronx dans le Sud. Ici, les Lamborghini bougent toutes seules comme dans les clips de r'n'b et le flow ne sonnerait pas honteux sur une instru de Crookers. Haut niveau!


Danger – 88:88 : Stage 3

Attention, gros tube! Le lyonnais Danger aime quand ça déménage et qu'il reste des séquelles. Il le démontre avec maestria sur cette prod toxique, massive et entêtante qui réveillerait un dancefloor mort.


Spitzer - Odessa Spring version

Petite pause électronica de bon aloi. Une jolie respiration pour reposer les pieds. Mais pour combien de temps?


Nil Hartman - La datafunk

C'est beau, mélodique, pur, humain, amusant et puissant. La « datafunk », c'est un peu un nouveau « Da Funk » : ça devrait mettre tout le monde d'accord, du petit cousin fan de Boards Of Canada à la grande sœur qui veut aller danser pour tout oublier.


SPA - Piano magic

Une chanson pour réconcilier les hommes et les animaux. Spa se dit inspiré « initialement par les comportements animaliers, notre musique est à la fois calme, joyeuse, violente et dark... une versatilité qu'on peut attendre d'un animal faisant de la musique ». Une bonne façon de terminer une compilation, revenir à ses instincts primaires et danser comme des bêtes. Penser aux voisins : n'oublier pas de mettre le son à fond.




Second Sex - Petite Mort (bio du groupe écrite pour Because en 2008)

Enfin, les plus belles boots et les plus beaux riffs de toute la jeune scène rock parisienne sortent leur premier album. Et la meilleure nouvelle, c'est que les Second Sex, arrivés à leur majorité, ont aujourd'hui dépassé le rock garage binaire de leurs débuts en décembre 2004 pour voir plus loin et plus grand.
Petit rappel, à l'époque, décembre 2004 donc, les quatre jeunes garçons, Arthur (guitare), Vince (basse), Tim (chant/guitare) et Sacha (batterie) qui se connaissent depuis l'école et les stages de foot, se réunissent autour d'un amour commun pour le premier White Stripes, le « Is This It ? » de The Strokes et les groupes rock, soul, blues, funk et punk des années 60 et 70.
Ils optent vite pour un patronyme aussi sex que leurs premières mélodies, Second Sex, une référence à Simone De Beauvoir, très féministe. « Et si c'était nous, le deuxième sexe ? Notre nom est un hommage à toutes les stars androgynes : Iggy Pop, Mick Jagger, New York Dolls, Lou Reed... », disent-ils alors. Après ça, le déluge. Des concerts en rafale, deux singles plus que remarqués, l'emballement médiatique, l'engouement myspace, une première partie de Muse à Monaco devant 20 000 personnes, celle des Babyshambles à l'Olympia et des Wampas au Zénith.
Jusqu'à ce premier album et ses faits impressionnants. Une pochette dessinée par Guy Pellaert (auteur du cultissime « Rock Dreams »), et surtout, une production assurée par Pelle Gunnerfeldt, le producteur des Hives avec qui ils ont travaillé en Suède (Stockholm) pendant plusieurs semaines. « Travaillé » c'est bien le mot. Car il est loin le temps où les Second Sex pouvaient être étiquetés « rejetons de la scène parisienne des bébés rockeurs encensée par la hype, au même rang que les Naast ou les Plasticines ».
C'est que, sage, le groupe aura pris son temps pour arriver au rock dont ils rêvaient et dépassé le stade où ils chantaient : « Je suis une tortue ninja », tout en préservant la hargne d'antan. Résultat ? Un album puissant qui mêle le garage des débuts, le stoner rock et la power pop surpuissante. Des chansons couillues, qui sentent le cuir gras, les grosses motos et les filles en sueur, parlent de fétichisme, de diable et de « perdre le contrôle ». Chose que musicalement, les Second Sex ne font jamais, perdre le contrôle. Assénant avec une classe folle une ribambelle de tubes évidents et de classiques instantanés qui sonnent à la fois rétro -dans l'esprit- et ultra modernes -dans la production-, ils n'oublient pourtant jamais de laisser transpirer l'énergie punk saignante de leurs concerts et la colère primaire des rages adolescentes.
Dans Second Sex, il y a « sexe », et Petite Mort signifie aussi orgasme, ce qui à n'en point douter, n'est pas titre à avoir été choisi au hasard.