dimanche 8 novembre 2009

Thieves Like Us (article publié dans TSUGI n°14)

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Thieves Like Us
Association de bienfaiteurs

Texte : Violaine Schütz

Ce trio américano-suédois a volé son nom à une chanson de New Order et ont commis le crime d'un premier album de dance pop émotionnelle à contre courant des valeurs électro banger dominantes. C'est sûr, les Thieves Like Us nous veulent du bien.

A une époque où il fait mauvais être faible, fragile et pop, les Thieves Like Us prennent des risques. Leur premier album, Play Music, enregistré entre New York, Berlin, Vienne, Londres, Rio et Stockholm, est un disque d'exilé, d'outsiders, de rebelles, avec beaucoup d'histoires d'amour malheureuses, d'addictions qui rendent down, et de lendemains de teuf qui déchantent. On y trouve aussi des couplets et des refrains qui tuent comme on en fait plus depuis New Order, des paroles magnifiques, et des sons qui voient loin, croisant atmosphères shoegazing, électronica expérimentale, et pop émotionnelle avec un brin de groove hip hop et de prod disco. Bref, Thieves Like Us sont des marginaux, avec des ambitions démesurées et des chansons à la hauteur.

Il faut dire que leur histoire a débuté à mille années lumières des débuts classiques des groupes indie dance d'aujourd'hui. « On s'est rencontrés lors d'un pic-nic dans un parc berlinois en 2002, Andy jouait du Wagner sur son ghettoblaster, à fond, c'était quand même le compositeur préféré d'Hitler, ce qui faisait très mauvais effet sur nos voisins. Nous nous sommes aimés tout de suite peut être parce que nous étions tous les trois des exilés, Bjorn (claviers) et étant suédois et Andy, américain » raconte Pontus, batteur blond de 31 ans. « Quand nous étions à Berlin, nous étions totalement à l'ouest, poursuit Andy, le chanteur belle gueule du groupe. On a commencé à beaucoup sortir, à se droguer et à mixer. Nous étions de très mauvais dj's, on endormait les gens et on buvait beaucoup trop. Et puis on ne passait pas de techno, alors que les Allemands ne juraient que par la minimal super underground. Nous, on jouait les disques de Factory, de l'italo disco, du krautrock, du hip-hop, du Alan Braxe et pire : de la pop! Puis on a débuté le groupe car on trouvait pas de groupes électro bien à Berlin. Nos débuts ont été difficiles: aucun label ne voulait de nous, on a fini par déménager à Paris. »

Play Music porte les stigmates de ces débuts désaxés. « On a intitulé l'album Play Music pour dire qu'on joue avec de vrais instruments, que ce n'est pas juste un album laptop, prévient Andy. Si on devait avoir une mission, ce serait d'apporter un sujet et du sens à la musique dance. Ça date déjà de Peaches, qui fait ça très bien, mais les musiciens dance sont devenus paresseux. Ils ripent un logiciel, oublient d'écrire une mélodie, ne font pas appel à des instruments live et collent deux mots dessus. Ils n'ont rien à dire, or les paroles, c'est très important, c'est pour ça qu'on a imprimé les nôtres sur le disque. Personne n'a de paroles aujourd'hui, juste deux lignes. « Homecoming» des Teenagers c'est très fun quand tu l'entends la première fois, après ça devient ennuyeux, on dirait des disserts de lycée. Et puis côté musique, on se sent vraiment proche de personne. Justice? C'est du black métal pour machos catholiques, soit la musique la moins romantique du monde. Et la post-new-rave, juste de l'agression. »

Encore un truc qui prouve que Thieves Like Us ne sont pas un pas un groupe comme les autres : ils balancent un max!

Play Music (Sea You records)
www.myspace.com/thieveslikeus

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