vendredi 26 février 2010

The Horrors - Chronique publiée dans le TSUGI n°19


 

The Horrors Primary Colours (XL/Beggars) De The Horrors, on a une image d'Épinal. Celle de cinq freaks anglais complètement goth (ils portent tout l'attirail croix-redingote noire et mascara qui coule du Dracula moderne), jouant un rockab de corbac (sur un premier album, plutôt flamboyant, « Strange House » sorti en 2007). Mais rien, si ce n'est un clip signé du grand Cunningham (ressorti d'une retraite spécialement pour leur beaux yeux cernés pour filmer leur tube punk « Sheena is a parasite » et devenu depuis leur co-producteur) ne laissait présager de quoi était vraiment capable le sanglant quintet. Dès les premières notes- incroyables de panache- de « Mirror's Image », l'entrée fracassante de leur nouvel album, Primary Colours, Bauhaus se retire, pour accueillir une densité électronique digne de Brian Eno. Dès lors, la redingote anthracite côtoiera systématiquement la lumière du jour, celle d'un jour nouveau, celui de l'illumination analogique. Alors certes les guitares sont toujours grinçantes (« Three Decades », du Interpol au sommet) mais l'orgue hypnotique (celui de Nico, période new-wave) et dansant lui vole constamment la vedette. Dans un donjon troué de lumineuses envolées shoegaze, la voix ressucite Ian Curtis et les Chameleons, mais la basse swingue, la pop lyrique (école Echo & the bunnymen) s'en mêle, et Geoff Barrow (de Porstishead) à la prod, berce le tout d'une belle douceur dub. On le savait certes depuis le plus premières heures du post-punk, la mort peut danser. Mais on ignorait encore qu'en 2009, elle pouvait enchaîner des chorés aussi magiques. De la « dance » macabre magnifique, voilà ce que ces cinq horreurs ont inventé avec leurs couleurs primaires. Et aucun kid fluo n'a jamais fait plus beau ! (Violaine Schütz)

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